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LES REVUES

��SI LA PENSEE MODERNE S'EST SUICIDÉE

Ce n'est point par artifice de discussion que M. Charles Maurra* déclare préférer Ravachol à Jules Simon. G. K. Chesterton tout aussi sincèrement placerait Dada au-dessus de Wells ou d'Anatole France, comme plus logique.

Et même Dada vient à propos pour figurer ce « Suicide de la pensée » dont il est parlé de façon assez vague, ou par métaphore, dans le chapitre d'Ortodoxy que traduit la Revue Universelle (i s avril) :

« Le ramoUissement du cerveau dont Nietzsche finit par être atteint ne fut pas un accident physique...

Une génération pourrait empêcher l'existence de la génération sui- vante, si tous ceux qui la composent se jetaient à la nier. Pareillement un petit nombre de penseurs peut jusqu'à un certain point tuer la pensée en enseignant que cette pensée n'a aucune valeur... »

Mais l'on aimera les passages purement critiques de ce chapitre, et ceux par exemple qui ont trait aux doctrines de la volonté :

« Admirer le choix pour hii-inême, c'est refuser de choisir. Si M. Ber- nard Shaiv vient à ttioi et vie dit : « Feuille:^ quelque chose », cela équivaut à dire : « Je ne me soucie pas de ce que vous voule^ ». Fous ne pouve:^ pas admirer la volonté en général parce que son essence est du particulier »

au pragmatisme :

« Le pragmatiste dit à l'homme de penser ce qu'il est bon, ce qu'il est utile qu'il pense et de ne pas se préoccuper de l'absolu. Or une des choses les plus profitables qu'il lui faille penser, c'est l'absolu. Cette philosoplne est en vérité une sorte de paradoxe verbal. Le pragmatisme ne se préoccupe que des besoins humains ; et l'un des premiers besoins de l'homme c'est d'être quelque chose de plus qu'un pragmatiste »

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