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Page:NRF 15.djvu/267

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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 26 1

Mais peut-être accepterait-elle du moins quelques objets dont elle avait besoin. En flânant dans Oxford Street et dans Tottenham Court Road, il s'arrêta aux devantures et choisit des vêtements, des meubles, des tentures, et en imagination il envoyait tous ces objets à Harlesden où ils transformaient la pauvre chambre de Queenie en un boudoir luxueux et la paraient elle-même comme pour une présentation à la Cour. Mais il sentait combien ces cadeaux seraient indiscrets, inconvenants, ridicules, et combien mal venus de la jeune fille si même elle ne les lui renvoyait pas. Cependant il pourrait lui faire porter quelques meubles plus modestes. Non, même pas cela ; du moins pas avant de lui en avoir parlé. Elle était si soigneuse de sa réputation, et si préoccupée de ce que sa propriétaire et ses voisins pou- vaient penser d'elle Mais à coup sûr, il n'y aurait

pas d'indiscrétion à lui envoyer ce tapis, épais et doux, qui ressemblait à ceux qu'il avait eus à Chelsea, et que ses jolis pieds nus avaient foulés un soir. Il l'acheta, et donna l'adresse de Harlesden. Tiens ! autre chose, à quoi il n'avait pas songé, et à laquelle il aurait dû songer d'abord : une machine à écrire ; cette machine qu'elle ne comptait pas pouvoir acheter avant plusieurs années, et qui l'aiderait à vivre plus confortablement. Il y en avait dix, de toutes les meilleures marques, dans les bureaux de la Maison Fournier et C'*^ : pourquoi aurait-il hésité à en acheter une de plus pour la donner à Queenie ? Il l'acheta, et fut sur le point de l'envoyer aussi à Harlesden. Mais il se ravisa : il valait mieux ne pas faire porter deux cadeaux dans la même journée. Il donna son adresse de Mayfair.

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