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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 267

armoire. Et puis il y a toutes sortes de commodités. Impossible de voir qui va dans l'ascenseur. Mais à toute heure de la nuit, dans les escaliers et les corridors, je me heurte à des fantômes parfumés qui font en mar- chant un bruit de soie. Des ombres de célibataires, je suppose. Ah ! c'est la première fois que vous riez depuis notre rencontre de ce soir.

— Et probablement la dernière, car il sera bientôt temps que je rentre.

— Queenie, ne recommencez pas à être méchante. Songez que je pars demain matin. Oui, vous allez ren- trer. Mais avant, il faut que je vous dise quelque chose.- Certaines de vos actions qui n'ont eu aucune importance pour vous, sans doute — de simples caprices de petite fille, — peuvent en avoir eu beaucoup pour d'autres. C'est une action de ce genre que je vous ai rappelée il y a un instant, et vous m'avez dit que vous vous en sou- veniez. Eh bien, moi. je n'ai pas cessé d'y songer depuis cette nuit-là, et après quatre années écoulées, le souvenir que j'en ai gardé est demeuré aussi net qu'il l'était le lendemain. Vous, peut-être, n'y avez pas songé une seule fois. Mais un homme îrarde ces choses-là dans son cœur et il y pense, la nuit, quand il est seul. Le monstre a souvent pensé à la petite Andromède, Queenie, et il a tout revu dans ses rêves : cette douce Nor- wège, ce beau pays de neige ensoleillée ; et quand vous m'avez dit ce qui vous était arrivé, j'ai senti comme un coup dans la poitrine parce que vous aviez gaspillé pour un autre un trésor que vous m'aviez permis d'en- trevoir comme si un jour il devait être à moi. Croyez- vous que si je n'avais pas songé à vous, pendant ces

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