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la nouvelle revue française

Enobarbus. — Et, là-bas. Octave.

(Entrent Octave, Mécène et Agrippa.)

Antoine. — Si tout s'arrange ici, les Parthes recevront bientôt notre visite. Entends-tu, Ventidius ?

Octave. — Je n'en sais rien, Mécène ; interrogez Agrippa.

Lépide. — Nobles amis, ce qui nous rassemble est très grave ; ne laissons pas de mesquines contestations nous diviser. Prêtons une oreille courtoise aux reproches : si nous élevons la voix pour discuter, nous meurtrissons ce que nous prétendons soigner. C'est pourquoi, je vous adjure instamment, mes nobles collègues, de n'aborder les points sensibles qu'avec les termes les plus doux, et de n'ajouter point l'offense aux reproches.

Antoine. — Bien parlé. Quand nos armées seraient en présence, nous à leur tète, prêts à combattre, je n'agirais pas autrement.

Octave. — Soyez le bienvenu dans Rome.

Antoine. — Merci.

Octave. — Asseyez-vous.

Antoine. — Asseyez-vous, Monsieur.

Octave. — Ainsi donc...

Antoine. — Il me revient que vous trouvez mauvaises des choses qui ne le sont pas ; ou qui, le fussent-elles, ne vous regardent pas.

Octave. — Je serais absurde si pour rien ou pour peu de chose, je me déclarais offensé, et vis-à-vis de vous tout particulièrement ; plus absurde encore si je parlais de vous avec dérision, car votre nom n'a que faire sur mes lèvres, et ne me regarde pas.