454 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
LES BUCOLIQUES ET LA COPA DE MRGILE
interprétées en vers français par Ernest Raynaud (Garnier frères).
Que la justice fût moins exactement rendue quand les vieux magistrats consacraient leurs loisirs à traduire Horace, cela n'est point prouvé, au contraire. Mais c'est une tradi- tion qui se perd. Oflicier de police, jM. Ernest Raynaud interprète les Bucoliques en vers français. Poète il fut naguère couronne de lauriers par les mains amies de Moréas, de Frédéric Plessy et des compagnons de l'Ecole Romane. A ces derniers, à l'idéal littéraire que lui-même ser\-it à leurs côtés, l'auteur de la Couronne des jours avoué une fidélité très digne, dont on fut mal inspiré de lui faire un reproche. Plein de zèle pour la poésie il n'en déploya pas moins en faveur de la mémoire de Baudelaire et de Verlaine, qu'il sut défendre en toute occasion.
Sa traduction révèle un grand souci d'exactitude, et de simplicité, un sentiment fin de la concordance des rNlhmes et des sonorités, dans l'une et l'autre langue. Comme lui- même en prévient le lecteur dans sa préface, il s'est soigneu- sement gardé « des excès de pittoresque et de couleur »... des « bariolages de style... suprême ressource des littéra- tures épuisées ». Pourtant on peut penser que M. Ernest Ray- naud atténue et pâlit à l'excès ; l'image et l'épithète chez Virgile ne manquent ni d'énergie ni de couleur. Il n'est jamais prosaïque. Son traducteur n'évite pas toujours le développement et la paraphrase, double écueil fatal aux alexandrins enclins à voyager par couples.
Tels ceux-ci
... Son geste héréditaire emplira de merveilles un monde à qui son père a su dicter des lois
qui ne rendent pas le mouvement lyrique de l'hexamètre latin :
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