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Page:NRF 15.djvu/475

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NOTES 469

du musicien. Au baisser du rideau, dominant les applau- dissements, des sifllets fusèrent. Un monsieur hurla « Vive la France ! » et la poignée de spectateurs qui n'avait cessé de parler pendant la représentation lui fit écho.

Or parmi les siffleurs plusieurs musiciens se distinguèrent par leur ardeur qui, la veille, s'en étaient venus trouver M. Rouché pour se plaindre hautement qu'il eût accueilli une oeuvre étrangère alors que leurs opéras et leurs ballets de- meuraient en souffrance. Ces mêmes compositeurs dont plusieurs signèrent des articles furibonds contre les Sepi Chansons et dont aucun ne compte parmi les gloires de l'école française moderne, revinrent au lendemain de la première menacer le directeur d'un pire scandale si la pièce ne dispa- raissait pas de l'affiche. Ils eurent satisfaction.

Il seraît fâcheux qu'on pût croire à l'étranger le public pari- sien en proie à ce genre de xénophobie que Stendhal dénom- mait « le patriotisme d'antichambre ». Le succès dans les con- certs et les théâtres lyriques d'œuvres allemandes, russes, ita- liennes prouve à l'évidence que, pour l'immense majorité, les Français pensent avec le général Mangin qu' « il n'est rien de plus stupidc que le chauvinisme artistique ». L'école française, celle qu'illustrent les noms de Gabriel Fauré, de Vincent d'Indy, de Paul Dukas, de Maurice Ravel, d'Albert Roussel, etc., est assez vigoureuse pour n'avoir aucun besoin de protection. Au reste, il y aurait de la bouffonnerie dans cette prétention de vouloir réserver aux musiciens français la scène de l'Académie Nationale de Musique, si l'on songe à tout ce que notre musique drama- tique doit à l'étranger, quand ce ne serait qu'à Lulli, à Gluck et à Rossini, créateurs des trois formes les plus durables de l'opéra français.

Mais qui donc parmi les siffleurs s'inquiétait du sort de la « musique française » ? Pauvre musique si ceux-là qui prétendaient parler en son nom étaient ses seuls soutiens l

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