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Page:NRF 15.djvu/48

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42 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pour notre pays, soit pour les autres ou nous-mêmes, nous nous sommes posé des questions nouvelles et si nous avons cherché du soutien là où nous n'avions pas coutume de le faire ? Mais ceci dit, renoncez pour cette fois à invoquer la guerre. Convenez que notre mécon- tentement ne l'avait pas attendue pour s'exprimer et que, depuis longtemps déjà, nous avions commencé ce redressement auquel nous ne faisons aujourd'hui qu'apporter un peu plus d'impatience et de passion.

Allons tout de suite au nœud de la question. Par suite de diverses circonstances (en particulier par l'effet d'une spécialisation presque inévitable et par une assimi- lation hasardeuse de vos méthodes à celles des sciences exactes) vous vous êtes trouvés amenés à un excès de documentation matérielle, à un abus du renseignement précis, qui a hni par nous masquer, à nous autres pro- fanes, la vue harmonieuse et vraie des hommes d'autre- fois. Parce que l'originalité et l'esprit d'invention se marquent 'moins dans la constatation de la continuité que dans la découverte de particularités nouvelles, vous avez été tout natutellement portés à différencier les époques, à en souligner les traits adventices aux dépens des traits éternels. Vous vous êtes ingéniés à créer des perspectives, à reculer les siècles les uns der- rière les autres, à nous faire contempler l'histoire à travers je ne sais quel télémètre qui en échelonne les périodes selon des espacements mathématiques, de sorte que les plus éloignés nous paraissent nécessairement les plus petits. Et pour achever de nous dépayser, pour achever de nous rendre le passé inhabitable, hostile et inhumain, vous avez favorisé le foisonnemeift de cette

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