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Page:NRF 15.djvu/609

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NOTES 603

à peine publié. En effaçant du titre le nom de Stendhal aussi bien que le sien propre, Mérimée avait-il l'intention de maintenir leurs relations dans une sorte de royaume des ombres, ou bien prétendait-il seulement prolonger par quelques exemplaires distribués l'écho d'une conversation ? Attribuons plutôt cette discrétion à ce que Maxime du Camp, dans ses Souveuirs, appelle un peu lourdement le caractère ordurier du livre. Telle ligne sur Saint Jean eût écœuré trop profondément l'Impératrice.

Uauteur de Clara Ga\iil et des chants il ly riens a su mettre dans ses publications l'imprévu et le pittoresque qu'on y mettait au xviiF siècle. Il aimait faire à ce qu'il écrivait une destinée originale. Il publiait comme Voltaire, avec des plans et des nuances, en artiste et non en fournisseur d'éditeur. Q.ui aura le courage et le talent de faire pour lui ce que M. Paul Arbelet fait pour Stendhal, de nous donner la copieuse, lucide, — et ironique — biographie qui nous manque ?

ALBERT THIBAUDET

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POÉSIES, par Jean Cocteau (La Sirène).

Ce recueil suggère l'idée d'un numéro très copieux d'une revue d' « esprit nouveau ». Au bas de certaines pièces, on se prend à chercher une signature qui n'est pas nécessairement celle de M. Jean Cocteau. Doué de plus d'esprit et de talent que la plupart de ceux qu'il imite, il prend son bien où il le trouve et sa prodigieuse mémoire n'a d'égale que son éton- nante faculté d'oubli. Excellent metteur en scène il pratique en \-irtuose la mise au point des procédés à la mode, mais il est tourmenté du besoin de passer pour un inventeur en matière de truquage typographique. C'est une volontaire et gracieuse victime de la lutte sournoise engagée entre les

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