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NOTES 645

comme une langue morte, ou bien aller à Florence ou à Sienne remplir ses cahiers d'expressions recueillies sur les- lèvres du peuple.

Parlant du dernier livre de Piero Jahier, M. Francesco Ruffini écrivait dans la Ganeita del Popolo du 4 mai dernier : a Jahier, piémontais d'origine, a eu lachancede voir résolue par la nature et le hasard cette grosse question de la langue, qui a fait le désespoir de tous les écrivains nés dans le Nord (dans le Midi aussi) de Manzoni à De Amicis... La mère de Jahier était florentine ; il a fait toutes ses études à Florence, fréquenté les cénacles littéraires toscans, et ainsi s'est opérée- chez lui une fusion vraiment intime de son fond montagnard et du langage le plus purement florentin. »

Le problème ne sera résolu que le jour où, à quelques provincialismes près, tout le monde en Italie parlera, l'idiome de Florence comme tout le monde en France parle l'idiome de Paris. Ce jour est encore loin. La bourgeoisie de Milan parle encore « meneghino », celle de Turin, pié- montais, etc.. On peut espérer, mais à très longue écliéance, que le développement de l'instruction finira par répandre dans toute la péninsule l'usage du toscan et par faire tomber les cloisons étanches qui séparent la langue parlée de la langue écrite.

Mais s'il faut attendre jusque là pour voir fleurira nouveau la littérature transalpine, nous risquons de perdre patience. On aimerait voir les écrivains italiens d'aujourd'hui travailler à aplanir la route, en dètoscanisanl la langue pour V italianiser^ en luttant pour la liberté du vocabulaire comme Hugo lutta pour le droit d'écrire dans Hcrnani : c<i Quelle heure est-il ? Minuit ». Mais le groupe de la Voce, dont presque tous les membres sont toscans, se désintéresse de la question. Les futuristes paraissent l'ignorer, et pourtant leurs « paroles en liberté » restent encore esclaves du vieu.s. vocabulaire poéti- que : onde, grève, char, coursier, etc..

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