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l'enseignement de CÉZANNE 657

Renaissance, il y a régression de la faculté d'organisation. Par exemple, les éléments du tableau qui, chez les pri- mitifs, étaient superposés, se trouvent, chez les renaissants, agencés, com-posés ; mais chez les impressionnistes les voici — irréparablement, croirait-on — confondus. Avant de montrer comment l'ordre s'établira, situons une fois pour toutes la figure de l'impressionnisme pur : L'im- pression personnelle du peintre sur un ensemble d'appa- rences, succède à la description didactique des Renaissants, laquelle succédait à l'inventaire impersonnel et moralisateur des Primitifs.

On le voit, l'homme peu à peu s'avance dans un domaine qui appartenait au début à la religion et à la morale. De serviteur, le peintre devient progressivement maître, et se dresse à lui-même son propre autel ; il se met au premier plan de son œuvre qui, dès lors, vit d'une vie propre limitée comme une vie animale — et n'est plus qu'un document psychologique. Un tel rape- tissement de l'idéal artistique eût nécessairement abouti à un violent mouvement de réaction académique sem- blable à celui que préconise M. E. Bernard si n'eussent pas surgi les trois artistes qui devaient, en dotant d'une âme la paresseuse nymphe impressionniste, transformer du même coup son visage et lui donner les proportions d'une nouvelle déesse.

Voici donc, brassant les matériaux neufs et tenant en main la règle et le compas, sans lesquels nulle œuvre ne s'élève, les trois premiers constructeurs : Renoir, le maître maçon, joyeux, logique et sain ; Seurat, le théo- ricien précis, le délicat et subtil ornemaniste, le tour- neur de pures colonnes ; enfin, découvrant un lien à

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