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SI LE GRAIN NE MEURT…


FRAGMENTS[1]

IV

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ma mère se laissa persuader par la famille d’aller passer à Rouen les premiers temps de son deuil. Elle n’eut pas le cœur de me laisser chez Monsieur Vedel ; et c’est ainsi que commença pour moi cette vie irrégulière et désencadrée, cette éducation rompue à laquelle je ne devais que trop prendre goût.

C’est donc dans la maison de la rue de V., chez mon oncle T., que nous passâmes cet hiver. M. Pourtil, un professeur qui donnait également des leçons à ma cousine Juliette, vint me faire travailler un peu chaque jour. Il se servait, pour m’enseigner la géographie, de « cartes muettes », dont je devais repérer et inscrire tous les noms, repasser à l’encre les tracés discrets. L’effort de l’enfant était considérablement épargné ; grâce à quoi

  1. Voir la Nouvelle Revue Française des 1er février, 1er mars et 1er mai 1920.