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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 7I

de ses cheveux. Elle avait peut-être laissé tomber son mouchoir ? Il se baissa, et sa main, en tâtant le fond de la voiture, rencontra quelque chose de mieux que ce qu'il avait espéré trouver : un grelot, qui s'était détaché de la jupe de satin à rayures blanches et bleues. De la jupe ? oui : ceux de la marotte étaient beaucoup plus petits. Un grelot qui avait tremblé et tinté à chacun de ses mouvements ! A vrai dire il ne tintait plus mainte- nant, car on avait marché dessus, elle sans doute, et ainsi le petit grelot avait vécu et était mort délicieuse- ment. Marc le déposa avec soin au fond de la poche intérieure de son gilet ; et alors il s'abandonna à sa grande joie.

Il dit à haute voix : « Queenie » ; et ensuite : « Queenie Crosland ». Il ne se souvenait plus que sept ou huit semaines auparavant il avait dit dans un moment de joie semblable : « Edith », et ensuite: « Edith Cros- land » . Il chanta. Puis, sans éprouver la moindre honte, il se récita doucement, avec des intonations pas- sionnées, les deux strophes du Lied où il est question de l'océan de pensées bleues. Et avant qu'il eût eu le temps de se reprendre et de rire de lui-même, il était devant sa porte.

II réagit assez pour se dire qu'il devait être prudent, et donner autant que possible un air de banalité aux éloges qu'il ferait de Queenie à M™*" Crosland. Mais il n'eut pas besoin de suivre cette ligne de conduite, car dès qu'il fut en présence d'Edith une partie des senti- ments que sa fille venait de lui inspirer se reportèrent sur elle.

— Votre fille est charmante, Edith. Si bien élevée...

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