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NOTES

PAUL-JEAN TOULET.

Toulet nous a quittés au moment où son nom commençait à passer enfin un cercle étroit d’initiés, d’amis.

Une réédition ou, plus exactement, une nouvelle mise en vente de Monsieur du Paur, deux livres en deux ans, Comme une fantaisie et la Jeune fille verte, avaient permis à ceux qui connaissaient son œuvre de le rappeler. Les bibliophiles s’inquiétaient du Mariage de don Quichotte, de la « première » de Mon amie Nane, des trois fascicules du Damier. Et l’on collectionnait les numéros de revues qui publiaient les Contrerimes, ces strophes écrites selon le rythme du chant de Ronsard pour Gastyne, mais où le troisième vers répond au second.

L’œuvre que laisse Paul-Jean Toulet, d’une richesse inutile à beaucoup de gens, n’atteindra jamais à la grande notoriété. Il demeurera vivant et choyé dans une élite qu’on doit souhaiter nombreuse moins pour l’écrivain que pour les lettres. Car on ne saurait demander un plaisir de meilleure qualité que celui pris à ces romans de composition désinvolte, à ces contes nonchalants où les fantaisies anachroniques, les malices de mystificateur, les jeux de paradoxes, les sollicitations d’exégèse les moins prévues s’habillent des images les plus hardies et les plus variées ? La durée semble promise à ce style qui n’est pas classique aux yeux de l’école, qui le restera, toutefois,