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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 75

bonheur et l'avait conquis. Le temps de l'impatience et de la hâte, lui aussi, était passé. Et peut-être que cette phase, pendant laquelle Edith et lui étaient surtout deux complices de leur plaisir mutuel, seulement atten- tifs l'un à l'autre, ennemis de tout ce qui les empêchait d'être seuls ensemble, touchait maintenant à sa fin. Une phase plus calme et, somme toute, meilleure, commençait : leurs habitudes avaient fait connaissance et s'entendaient bien ; ils goûtaient plus lentement et plus savamment leur bonheur, et le perfectionnaient; et ainsi ils allaient s'unissant plus étroitement chaque jour, s'identifiant peu à peu l'un à l'autre. Déjà, pour Marc, l'idée ou le senti- ment qui était présent en lui lorsqu'il disait : « chez moi )i était composé de tous les souvenirs qu'il avait non seulement de ses murs et de ses meubles, de son feu, de ses livres et de ses repas, de ses nuits et de ses levers, mais encore, et surtout, des souvenirs, sans cesse augmentés et enrichis, qu'il avait d'Edith Crosland. Elle était ce qu'il y avait de plus précieux, de plus intime, de plus voilé, chez lui. Et tout cela, pour Marc, se résumait en cette pensée : qu'après ses heures de travail il allait, dans un moment, retrouver une femme aimable et douce qui l'attendait.

C'était bon, qu'elle eût consenti à vivre chez lui, et qu'il pût partager toutes ses heures, tous ses instants, et que ce ne fût pas une étrangère, une dame en visite, qu'il allât retrouver, mais sa femme, dans sa maison : le don absolu, la possession complète. Et cela s'était si facilement arrangé ! Veuve depuis près de deux ans, M™^ Crosland habitait, avec sa fille, chez une sœur de son mari, — une M""^ Longhurst, — contribuant à la

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