surmonte, après des péripéties angoissantes, que pour tomber dans de nouvelles difficultés et de nouveaux dangers.
Le défaut du roman naturaliste traditionnel, de la « tranche de vie », ce n’était pas, comme on l’a répété, l’absence de romanesque, c’était son asservissement à la manie historique du xixe siècle. Il singeait l’histoire, la pseudo-logique de l’histoire, avec ses rapports plausibles de cause à effet, erreur plus grave encore que de philosopher, de moraliser ou de poétiser en racontant.
Ce que les romanciers d’aventures ont tenté en accumulant les péripéties romanesques et en nous dépaysant, deux femmes — Marguerite Audoux et Colette — l’ont réalisé simplement en s’affranchissant de la servitude historique. Leur vision est anti-historique : légendaire. Ce n’est pas pour rien que la sagesse orientale met dans la bouche d’une femme les contes des Mille et Une Nuits. Quand elle s’abandonne à son génie naturel, sans souci des procédés littéraires masculins, la femme crée sans effort une atmosphère de légende autour de ses personnages. Selma Lagerlôf est l’exemple le plus typique de cette aptitude féminine. Colette (dans quelques-uns de ses livres) et Marguerite Audoux, profondément Françaises et donc réalistes, ont donné un aspect légendaire à d’humbles figures d’aujourd’hui.
On a cru que le récent apport féminin dans la littérature, c’était l’individualisme effréné, le paroxpme sexuel permanent et une ivresse dyonisiaque sans répit. Rien n’est plus faux : il n’y avait là qu’imitation outrancière d’ouvrages masculins, et notamment de d’Annunzio.
Le véritable apport féminin, depuis quinze ans, se trouve chez Colette et Marguerite Audoux, et c’est d’avoir donné au roman naturaliste dégénéré la ligne et le mouvement du roman d’aventures.
Que, par surcroit, l’Atelier de Marie-Claire soit dans sa modération un des réquisitoires les plus efficaces et les plus