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Page:NRF 15.djvu/851

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SAINT MARTIN 845

pour tous les siècles sur la Loire qui ne se construira pas tout seul !

Quand le soleil de Dieu est au ciel, toute cette ombre inique sur la terre, est-ce que nous pouvons plus long- temps la tolérer ?

Est-ce qu'il y a moyen de dormir quand on a déjà au poing ce bon blé

Dont le morne savart plein de flaques est capable où le colon hagard aujourd'hui loin des routes se tapit avec sa chèvre et sa vache,

Joint au vin sur le coteau aride que prophétisent tous ces mûriers sauvages ?

La terre, au lieu de cet herbage rude, est-ce qu'elle n'aimerait pas mieux faire de l'or,

Le pain et le vin sur la grande table carrée pour la nourriture de l'âme et du corps ?

Et passons à nous, cette mort que nous voyons s'élargir peu à peu, corrompant ce qui nous entoure,

Est-ce la peine de lui avoir échappé, si nous ne trou- vons le moyen que ce soit pour toujours ?

Ni ses fondements n'ont sauvé l'édifice, et ni sa dédi- cace emphatique, ni sa beauté.

L'aqueduc est interrompu, et le prétoire est à bas, et quant à ce qui est de César et de sa divinité.

Il n'y a que la vieille Vénus avec les Grâces ses com- pagnes dont nous soyons à ce point dégoûtés !

Toutes ces choses qui étaient là pour toujours, qu'est-ce qui leur prend tout à coup qu'elles disparais- sent ?

Voilà que c'est nous qui sommes plus solides qu'elles, et c'est elles tout à coup qui bougent et qui nous laissent.

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