Page:NRF 15.djvu/859

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SAINT MARTIN 853

Ils ne te furent pas plus nécessaires jadis, et davantage légitimes, que ceux-ci qu'à présent il te faut.

L'expansion à droite et à gauche de tes ailes et l'avan- cement de ta bouche jusqu'à la mer !

Ceins tes reins une fois de plus ! prépare-toi prends les armes une fois de plus, Ange hideux tout pressé et replié dans le centre de la Terre !

Fais sortir de tes usines ces rangées de volcans qui roulent !

Bascule tes cubilots ! à la matière liquéfiée impose ton sinistre moule !

Les butils enchevêtrés tournent et crient, une lourde vapeur jour et nuit s'éploie au-dessus des villes.

L'Europe écoute sourdement ses bases trembler au bruit de tes marteaux qui pilent,

Et quand le bras de grue au-dessus de ses fonts baptis- maux transporte l'affreux fût branlant qui vient de naître,

Du fond de la citerne d'huile jusqu'au toit saute une flamme de quatre-vingts mètres !

Peuple de Luther et de Kant, médite de nouveaux nuages empoisonnés !

A tout ce que tes adversaires ont de pire propose ta complicité.

Rien ne fut omis, c'est bien. Ce qui dépendait de toi, tu l'as fait en conscience :

L'heure est venue, en avant ! Ce qui t'attend, tu le sais d'avance.

C'est l'enthousiasme de la mort qui t'a pris, comme d'autres l'espérance !

Ce dont il s'agit pour toi, tu le sais, ce n'est pas de vaincre, c'est de mourir.

�� �