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9l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

VOUS a gâté. Les Français ont trois écrivains : Stendhal, Balzac, Flaubert, et si vous voulez, peut-être Maupassant, bien que Tchékhov vaille mieux que lui. Les Concourt ne sont rien d'autre que des clowns qui ont la prétention d'être sérieux. Ils avaient étudié la vie dans des livres écrits -par des inventeurs de leur espèce,et croN^aient faire du bon travail. Mais il n'y a âme qui vive qui puisse en tirer profit. »

Je ne pouvais partager cette opinion et cela irrita quelque peu Léon Nicolaïevitch. C'est à peine s'il pouvait supporter la contradiction, et parfois ses opinions étaient étranges -et capricieuses.

— Il n'y a pas de dégénérescence, dit-il une fois, ce n'est qu'une opinion de l'Italien Lombroso. Après lui vint le Jurf Kordau, criant comme un perroquet. L'Italie est un pays de charlatans et d'aventuriers. On n'y a jamais vu que des Aré- tin, des Casanova, des Cagliostro et gens de la même espèce.

— Et Garibaldi ?

— Cela, -clest de la politique. Ce n'est plus la même chose.

Une fois que je lui citais toute une série de faits tirés d'observations faites sur la vie des familles appartenant à la classe des marchands russes, il répondit : « Mais ce n'est pas vrai, cela ne se trouve que dans des livres habilement composés. »

Je lui racontai l'histoire véridique de trois générations d'une famille de marchands que j'avais connue, une histoire qui illustrait de façon particulièrement saisissante la loi inexorable de la dégénérescence. Alors il se mit à me tirer par la manche, d'un air excité, m'encourageant à écrire quelque chose sur ce sujet : « En effet, c'est vrai. Je connais cela, il y a deux familles de la sorte à Toula ; il faudrait qu'on fît là-dessus un long Toman écrit. avec concision. Me corn prenez- vous bien ? Vous devez le faire. » Ses yeux brillaient.

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