Page:NRF 15.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

BEAUTE, MON BEAU SOUCI 9I

puis, comme Edith l'appelait dans la cuisine pour l'aider à préparer le thé, elle sortit vivement de son réticule un •petit paquet enveloppé dans du papier de soie, et le ten- dit à Marc en balbutiant :

— J'ai fait ceci pour vous ; cachez-le. Et elle s'enfuit, la figure toute brûlante.

C'était un mouchoir de batiste dans un coin duquel Marc vit ses initiales : M. P., joliment brodées. Il ne se doutait guère, à ce moment, que c'était le dernier dimanche qu'il voyait Queenie.

Ce fut pendant le goûter que l'incident se produisit. A propos d'une négligence ou d'un oubli de M™* Cros- land, Marc s'irrita et lui parla avec impatience. Non seu- lement il l'appela Edith, mais quiconque eût été là eût compris, aux paroles qu'il lui dit, que leurs relations n'étaient pas strictement celles d'un maître de maison et de son intendante. La figure d'Edith s'altéra, ses yeux se voilèrent, et en disant : « Excusez-moi », elle sortit rapidement de la chambre.

Queenie allait la suivre, lorsque Marc lui dit : « Res- tez ». Et après avoir hésité une seconde entre sa mère et son amoureux, elle resta. Alors elle pencha sa tête, cacha son visage entre ses bras nus, et pleura dou- cement.

— Voyons, calmez- vous... Vraiment, vous n'aviez pas deviné ?

Elle le regarda bien en face, les yeux brillants de colère au milieu de ses larmes.

— Comment le pouvais-je ? Ma propre mère !

— N'est-elle pas libre, comme vous l'êtes ? et songez que celle de vous deux qui aurait le plus de raisons de se

�� �