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214 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

a pris la guerre au sérieux ; il prend la paix au sérieux ; il prend toute chose au sérieux. De là une sorte de gravité précoce, qui le désigne à notre attention. Il avoue qu'il a la passion des « êtres » ; il se penche avec angoisse sur eux, il calcule leurs chances, il s'émerveille de tant de « possibilités » futures. Mais non coninve l'anarchiste dilettante qui, sans souci des consé- quences, attend l'éclatement de quelque désastre tout neuf. Ce sont des possibilités qui feront l'ordre, la santé et la joie du monde, à l'ombre immense de la Croix. Ce livre nous révèle qirelques-uns des moments suprêmes où, dans un collège chré- tien, communièrent toutes les âmes, durant la guerre qui vient de finir et aucun n'est plus beau que celui des Pâques, qui réunit un jour parents, élèves, combattants, avant de nouvelles batail- les ; M. Henry de Montherlant nous montre les mères en pleurs el!, dit-il, « dans une minute peut-être irretrouvable elles j>ensè- rent qu'il valait bien que leurs fils fussent morts pour qu'une teWe heure ait existé. » Les phrases chargées de cette belle émo- tion ne sont pas rares dans le livre. On n'étudiera pas la mystique de k guerre sans y recourir. — Et maintenant M. de Monther- lant qui est un homme et, à n'en pas douter, un écrivain, nous doit des portraits directs et des dialogues tout nus.

HENRI GHÉON

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��LES FORCES ÉTERNELLES, par la Comtesse de Noailles (Fayard).

Y\ appartenait à une fenime de trouver, à la gloire de la mort héroïque, les paroles mêmes qu'attendaient les soldats. De toutes les voix venues de l'arrière, c'est peut-être la seule qui e'ût apporté quelque exaltation et quelque réconfort à un mou- ramit, dans le suprême débat entre l'acceptation et la révolte. Car v-ailla-nce et pitié alternent en ces poèmes sans s'altérer récipro- quement, et il plait à un homme courageux d'entendre exprimer par des lèvres de femme cette horreur sacrée de la mort, qu'il n'a pas le droit de formuler lui-même. Les vers de Madame de Noailles sont un hommage à la grandeur sans précédent dHj sacrifice, non point cet hommage d'égal à égal qui n'est qu'une sorte de politesse, mais un agenouillement et un don de soi :

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