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NOTES 355

tendance nouvelle des esprits autre chose qu'une mauvaise plaisanterie, je dirais qu'aux divers « ismes » lancés jusqu'ici et qui ne caractérisaient que différentes infirmités, il conviendrait, pour qualifier l'effort actuel, d'en substituer un seul, qui serait « l'équilibrisme ».

Ouc firent en effet la plupart des novateurs de toutes caté- gories, sinon tricher à ce jeu divin de l'acrobatie plastique ? Je ne peux trouver mieux, pour exprimer l'attitude de l'artiste, que de le comparer à un homme qui marcherait sur la corde raide, les yeux fixés sur un but qu'éclairent et qu'enténèbrent successivement, en un duel égal, son instinct et son intelli- gence. De chaque côté de la corde, un péril. A gauche, la contrée perfide de l'immédiat, le domaine de la « nature » au sens bas oià l'entendent les photo-peintres, vers lequel l'in- cline sa sensualité. A droite, l'étendue aride de la spéculation pure, vers laquelle sa raison penche. Répugnant au difficile et trop peu « original » labeur de conserver l'équilibre, maints artistes, hier encore impatients de signaler au public leur fausse agilité, firent-ils autre chose que de tomber, qui à droite, qui à gauche ? Et le public des vernissages sensationnels d'applaudir surtout si la chute s'effectuait avec grâce. La défaillance était aus- sitôt baptisée d'un « isme » nouveau. L'opinion générale semble s'aviser que ces amusements ne conduisent à rien, pas même au plaisir durable, et que le jeu même implique une règle. La règle, admise par la plupart des exposants des dix salles qui comptent au Grand Palais, semble être d'accorder son cœur et son cer- veau, et de se garder des chutes même élégantes.

Le deuxième événement caractéristique de ce Salon est la déchéance du paysage, et l'avènement de la figure humaine. Les jeunes peintres ont compris, semble-t-il, que le meilleur moyen de résoudre les problèmes pressants de la peinture est de s'attaquer au « sujet » qui les implique tous. L'homme, dans sa nudité éternelle ou dans sa tenue familière, est remis en honneur, et l'étude de ses aspects paraît vouloir se poursuivre à petites touches, patiemment et non plus comme du temps des fauves, par de vastes et allusives arabesques.

La salle n° 7 est significative de cette recherche méticuleuse de la vérité humaine. Si l'on n'y voit nulle oeuvre étonnante, on y peut découvrir de fort honnêtes travaux.

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