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360 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ctudic pour nos jardins modernes cent possibilités ingénieuses, selon les climats ou les sites, selon les habitations, selon les besoins privés de chacun : depuis les résidences d'été, aux riches parterres, aux fraîches allées d'arbres taillés, aux rose- raies, aux treillages colorés garnis de plantes sarmenteuses, aux fontaines, aux terrasses, aux degrés, jusqu'aux petits jardins de ville, enclos de murs, dont les réalisations spirituelles enno- bliraient si facilement nos banlieues. Une profusion de plans et de dessins, dus au crayon intelligent de M. Verdeau, illustrent le volume de la façon la plus suggestive.

Des bois gravés par Paul Véra font à chaque page de ce texte un accompagnement harmonieux.

Quelques traits, et voici ressuscitée la transparence d'un verre chargé de roses trop lourdes ; une femme, coiffée d'un large parasol, assise sur deux cornes d'abondance croisées, et voici tout à la fois la richesse décorative d'une ornementation géométrique, la gravité hiératique d'une allégorie, et la plus directe, la plus moderne évocation du nu féminin. Pareil aux imagiers de jadis, Paul Véra laisse sa verve s'amuser à des détails accessoires dont l'ingénuité nous ravit : petits personnages qui peuplent les fonds, les coins, et qu'un geste vrai suffit à douer de vie, colombes roucoulantes courbant le col vers une gerbe de fleurs, ou bien, cabrées en éventail, lacérant de coups de bec le galbe d'un fruit. Aucun artiste contemporain ne fait plus souvent songer aux artisans du passé : il possède leur évidente probité, leur conscience un peu naïve, leur modestie ; comme eux, on le sent habité par le souci des conditions matérielles de son art ; comme eux, on le voit, de saison en saison, gravir les échelons du savoir technique, de l'expérience ; c'est d'eux qu'il a hérité cette humilité sereine, qui était le plus précieux apanage des maîtres-ouvriers du moyen-âge : ses motifs sont peu nombreux ; mais ce n'est pas indigence c'est seulement le contraire de l'abondance incohérente et suspecte dont s'enor- gueillissent tant de faux génies. Femmes aux formes volontiers lourdes, voluptueuses, enfants aux nus innocents, colombes, cornes d'abondance, corbeilles de fleurs, pyramides de fruits, animaux fabuleux ; c'est à peu près tout. Mais, peu variés, ces motifs lui appartiennent. Sa richesse n'est pas de poursuivre d'autres visions, mais de varier à l'infini les modulations de ces

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