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420 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

oui, ce bout de vanité qui vous sert de perchoir et qui vous paraît sûr parce que vous l'avez clioisi. Oh! par ailleurs, vous êtes assez perspicaces ! Vous distinguez bien qui perd l'équilibre, qui glisse, qui, faute de pouvoir prendre pied, s'accroche par une aile, et qui ne peut se tenir droit sur le perchoir d'à côté qu'a choisi votre voisin, pas vous! En ce qui le concerne, pas moyen de vous tromper 1

Prenons un exemple : les hommes aiment l'argent, vous savez ça ? et ce que font les hommes pour le gagner ? Eh bien ! imaginez un pauvre garçon (mettons le fils d'un domestique de votre maison) qui, en écoutant aux trous de serrure, entend la compagnie faire des phrases sur les dollars, les billets de banque, etc., dire comme il est dur de les gagner, comme il est bon de les tenir, et ce qu'ils peuvent acheter, — si, tout à coup, il entre et s'écrie : « Moi, fai lin billet de ciiiq dollars ! », que lui répondez- vous ? Quel est le premier mot qui suit votre dernier coup de pied ? « Où Vas-in volé, coquin ? » Cela parce qu'il vous a trouvé descendu du perchoir (et il pourrait bien se payer votre tête), de ce bout particulier de sottise, que vous avez choisi. Monsieur, comme terrain d'exercice. Supposez qu'il essaie toute sa liste de mensonges :

Il a ramassé le billet par terre.

Son cousin est mort et le lui a laissé par testament.

Le Président le lui a jeté en passant à cheval.

Une actrice l'a troqué contre une mèche de ses cheveux.

Il a rêvé de veine et a trouvé sa chaussure enrichie.

Il a tiré de terre de l'argile et de cette argile a fait de l'or...

Comment traiteriez-vous ces possibilités ? Ne feriez-vous pas votre enquête, au plus vite, avec un nerf de bœuf? « Mensonges ! niensonges ! mensonges ! » crieriez-vous. Et pourquoi ? Est-il une seule de ces histoires qui ne puisse être la simple vérité ? La dernière peut-être, celle de l'argile changée en pièces d'or ? Voyons... passez-le moi mainte- nant, ce garçon, pour que je parle en sa faveur.

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