RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE - 473
angles bizarres et cargucrpour les faire rentrer dans le bon sens des pages un peu folles, on en tirera des indications utiles.
Ce qu'écrit M. Vodoz, à propos de Roland, sur la psycho- logie du symbole, est fort juste. Un héros de légende comme Roland n'acquiert son immense popularité que si ce héros est « pour ainsi dire, la projection d'une certaine quantité de forces vives, accumulées en nous, sur un objet capable d'accom- plir, dans le domaine moral, une tâche, un devoir qui nous paraît être au-dessus de nos forces, des forces du sujet », ce qui signifie simplement qu'un héros est l'idéal d'un pays ou d'un temps, et que ni les divers pays ni les divers temps n'ont les mêmes idéaux, et tout cela on n'avait pas attendu la psychana- lyse pour le savoir et le dire. Pareillement il est peut-être inutile de déranger un aussi gros personnage psychanalytique que « le complexus négatif paternel » pour expliquer que Ganelon ayant épousé la mère de Roland, le beau-père et le beau-fils s'entendent mal, et la psychologie de cette mésentente est sans doute bien loin d'impliquer toujours le genre d'obscure rivalité amoureuse qu'y voit obstinément l'école viennoise.
Mais le sujet principal du livre de M. Vodoz consiste à étudier d'un point de vue psychanalytique le Mariage de Roland de Victor Hugo et à le relier à l'inconscient du poète. Le Mariage de Roland çsl lui aussi un symbole, le symbole, pour M. Vodoz, de la lutte entre le classicisme et le romantisme. « Du premier jusqu'au dernier vers, les passages, les épisodes se succèdent comme autant de représentations symboliques des diverses phases, des divers traits caractéristiques de ce long duel, des deux tendances qui luttaient pour dominer dans l'âme de Hugo, ne lui laissant aucun répit. » Le poème est écrit en 1846 et publié seulement treize ans après. En 1846 Hugo était à un tournant de sa carrière que tous les critiques ont marqué et que M. Vodoz rappelle une fois de plus, mais ce qu'aucun critique n'avait certainement vu c'est que le Roland de son poème, inspiré d'un résumé populaire de chanson de geste, représente le romantisme, et Olivier le classicisme. Si vous e n doutez considérez que :
« L'un de ces chevaliers, nous dit le poète, s'appelle Olivier, l'autre, Roland. Olivier doit représenter les tendances classiques, cela ressort avec évidence de la façon dont il est équipé. Il est
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