NOTES
��LES CONTRERIMES, de P. J. Toulet (Editions du Divan).
Ailleurs, ici-même, il fut parlé de P. J. Toulet, de ses ami- tiés, de ses voyages, de ses mœurs, du u Wcber » et du « Bar de la Paix », de son esprit amer, nocturne et lumineux. Voici l'œuvre du poète : cela fait un volume mince et léger, assez mince pour se glisser vers l'avenir, à travers le fatras lyrico-cosmique, syn- thétique ou simultané, assez léger pour flotter jusqu'aux rives lointaines de la postérité. Quand l'heure sera venue de choisir sévèrement, quand notre temps aura les anthologies qui lui sont dues (celles que fabriquent les poètes ambitieux, pour soi- même et quelques camarades, demeurant vaines et prématurées) le nom de Toulet est assuré d'y briller au-dessous de vers comme ceux-ci :
Toute allégresse a son dèjaiit
Et se brise elle-mènie. Si vous voulei que je vous aime. Ne rie:( pas trop haut.
C'est à voix basse qu'on enchante
Sous la cendre d'hiver Ce cœur, pareil au feu couvert Qui se consume et chante.
Les Contrerimes résonnent souvent comme un écho des gre- lots de Banville, et parfois du tympanon de Moréas, avec moins de solennité, mais un accent aussi pur. La tradition qu'il conti- nue est noble et courtoise : Charles d'Orléans, Saint-Gelais, et surtout Voiture. En lisant Toulet on retrouve cette grâce pré- cieuse du langage qui donne au lieu commun la saveur de l'im- prévu. N'est-ce point déjà l'esprit de Toulet qui rit dans l'ellip- tique et charmant début des stances célèbres :
L'un meurt qu'à sa fantaisie il ne s'avance à la cour ;
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