méprisés. Par exemple une Colère, ou une Mélancolie, ou une Amertume, ce n’est qu’Humeur dans le sens plein du mot.
La Guerre, qui n’est que la Passion, en tous les sens aussi de ce beau mot, nous éclaire là-dessus par son développement propre, qui est mécanique ; mais il faut l’avoir vu ; si on l’imagine seulement, l’Epique revient avec la Pensée de l’ensemble. Le réel de la Chose est tout près du métier, comme les Praticiens véritables ont fini par le dire. Aussi la première floraison des vertus imaginaires est promptement flétrie par l’action de cette rude machine où l’homme prend figure de chose. A mesure que l’on approche de l’Événe- ment abhorré, redouté, admiré, désiré, le tout ensemble par les tumultes du cœur, à mesure tout s’égalise, tout devient petit par l’importance des moindres actions. Tout se passe comme dans l’Usine, où la fin est de produire, sans jamais se demander pourquoi, et où même chacun perd l’idée de l’objet à faire, par la division des travaux. Aux premiers actes de guerre, les fins transcendantes périssent aussitôt, comme étrangères en cette mécanique, ajustée pour se passer de tout, et même de courage. Les moyens matériels règlent tellement tout qu’une arrivée de muni- tions éveille l’énergie combattante, et qu’inversement la pénurie établit aussitôt une paix armée et une indiffé- rence philosophique.
Tout étant ainsi extérieur, l’âme maigrit ou grossit, si l’on ose dire, selon le flux et le reflux des moyens ; l’alcool, le vin et les quartiers de bœuf sont ici d’énergiques symboles du matérialisme envahissant.
L’idée dominante en ces heures qui sont même au-dessous de l’eff^rayant, du triste et du désespéré, c’est que l’on se voit de toute façon conduit par les circonstances extérieures. Et, par cette Mécanisation, mot nécessaire ici, un genre de consolation est aussi apporté, qui n’est point du genre Pensée. Comme aussi revient la puérilité, attribut du soldat. Aussi, par une réaction, la Pensée y trouve sa