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à l'heure présente ? Une bûche ! disons-le franchement. Tu ne signifies rien et ne sais pas pourquoi tu vis. Jette un coup d'œil dans une glace ; tu n'y vois qu'un visage stupide. Au lieu de cela, imagine auprès de toi des marmots, pas seulement deux ou trois, six peut-être, et tous, te ressemblant comme deux gouttes d'eau. Tu es seul et unique conseiller de cour, chef de division, ou autre espèce de directeur, Dieu seul sait quoi ! Et alors il y aura autour de toi, imagine-le, de ces petits chefs de division, de ces petits polissons... Et l'un de ces sacripants, en te tendant ses menottes, te tirera tes favoris ; et tu lui aboieras comme un chien : aff, aff, aô ! Dis-moi ce qu'il peut y avoir de mieux ?

Podkolièssine. — Mais ce seront de grands polissons. Ils gâteront tout, mêleront mes papiers.

Kotchkariov. — Polissons, peu importe ! Tous te ressembleront, voilà le principal.

Podkolièssine. — C'est vrai, le diable vous emporte, c'est drôle tout de même ! Dire que ces petits choux-à-la-crème-là, ces petits morveux, ça vous ressemble !

Kotchkariov. — Evidemment c'est drôle. Alors on y va ?

Podkolièssine. — Allons-y s'il le faut !

Kotchkariov. — Stépane, viens aider ton maître à s'habiller !

Podkolièssine, s'habillant devant la glace. — Je crois qu'il faudrait mettre un gilet blanc.

Kotchkariov. — Ça n'a aucune importance.

Podkolièssine, attachant son col. — Maudite blanchisseuse, elle empèse si mal les cols que jamais ça ne tient ! Stépane, tu lui diras que si elle continue, l'idiote, à repasser si mal mon linge, j'en prendrai une autre. Elle doit perdre son temps avec des amoureux au lieu de repasser.

Kotchkariov. — Allons, plus vite, vieux ! Comme tu lambines !

Podkolièssine. — Tout de suite ! (Il passe son frac et s'assied.) Ecoute, cher ami, sais-tu ? Vas-y tout seul !