Jévakine, s'inclinant. — Ah ! pardon, je suis un peu dur d'oreille. J'avais cru que vous aviez daigné dire que vous aviez mangé un peu d'omelette.
Iaïtchnitsa. — Hélas, que faire ! J'ai eu l'intention de demander à mon général qu'il me permît de m'appeler Iaïtchnitsyn ; mais mes parents me l'ont déconseillé !
Jévakine. — Il y a de ces noms étonnants. Chez nous, dans la troisième escadre, officiers et matelots avaient des noms étranges : Pomoïkine, Iaryjkine, le lieutenant Pérépréiév. Et un enseigne s'appelait Dyrka [Petit trou]. Le capitaine l'appelait : « Eh, Dyrka, viens ici. » Et il ajoutait : « Espèce de petit trou. »
(On entend sonner. Fiôkla traverse la scène en courant pour aller ouvrir. Les trois prétendants la saluent joyeusement.)
Iaïtchnitsa. — Ah, bonjour, maman !
Jévakine. — Bonjour, mon âme, comment va ?
Anoutchkine. — Bonjour, maman Fiôkla Ivânovna.
Fiôkla (court en se trémoussant). — Merci, mes pères, je vais bien, je vais bien !
(Elle ouvre la porte. Dans l'antichambre on entend :) sont à la maison ? — Elles y sont. (Ensuite quelques mots inintelligibles auxquels Fiôkla repond d'un ton fâché :) Dis donc, toi, tiens-toi un peu !
Scène XVII
Kotchkariov (à Podkolièssine). — Mets-toi bien cela en tête : Courage, et rien de plus ! (Il regarde de côtés et d'autres, et s'incline avec surprise. A part.) Diable, quelle masse de monde ! Qu'est-ce à dire ? Ne sont-ce pas là d'autres prétendants ? (Il pousse Fiôkla et lui dit, à voix basse:) Où as-tu ramassé tous ces corbeaux, hein ?
Fiôkla. — Il n'y a pas de corbeaux, ici. Il n'y a que des honnêtes gens.