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JyO LA NOUVELLE REVUE FRANÇALSE

��ÉLÉGIES, par Georges Duhamel (Mercure de France).

En mars, certains soirs, les nuages se mêlent aux chaînes de montagnes tandis qu'une brume d'argent cendre la plaine. Des rayons fumeux pleuvent de la nue, et s'écartant en gerbe, se déplaçant lentement, balaient les crêtes d'un or pâle et fluide. Les étranges jeux de lumière dans ces amas confus de vapeurs. Est-ce la pluie, là-bas, est-ce le soleil ?

Les Elégies de M. Georges Duhamel font songer à ces incer- taines soirées du temps de l'équinoxe : mais pourquoi? On n*y saurait trouver de paysages touchés avec minutie. Même il n'est parlé des choses agrestes, semble-t-il, que lorsque la joie qu'elles donnent prend une valeur morale, — métaphysique. A peine si deux, trois traits, parfois font tableau, de même qu'en un site pluvieux d'avril la touife sombre de quelques pins et le jaune éclatant d'un champ de colza :

Rouges, Jes Jleiirs, et pleines de rancune, Et le mépris patient des platanes.

Et h silence épuisé à' une allée

Où rampe et meurt une rumeur de rue.

La manière de dire de M. Duhamel semble se jouer toute dans a la clarté timide abreuvée de brumes » dont il parle. Ces brèves chansons grises oia du précis traverse l'imprécis, elles ne montent pas, comme les alouettes, par bonds au-dessus de la lande : modulées on ne sait où, dans le brouillard, elles ne pleurent point, elles n'exultent pas non plus. De fines, de libres cadences, un ondoiement transparent qui brouille un peu

la mélodie.

Si je Vai cherché, Ce n'est pas en moi. Mais hws de ma solitude. Si je l'ai cherché. C'est dans ton désert. Immense monde ennemi !

Celui qui gémit

Mon gémissement

Et rtsscttrble à ma détresse,

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