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4 LE CARNET DES EDITEURS

G. DE La FoucHARDiÈRE : DIDI, NIQUETTE ET C-. Un

vol. in-i8, 5 fr. '

Aprèsles morales de l'utilité, du devoir, du risque et autres sub- tiles inventions que l'on nous enseigna, en profitant lâchement de notre jeunesse, voici la morale de l'ironie, dont on sait que M. de la Fouchardière est l'inventeur. Sans doute passera-t-elle quelque jour à l'état de théorie sévère. Profitons des derniers jours de liberté qui lui restent : d'ingénieux apologues, à l'usage des parents, ou des enfants, ou des deux à la fois, la mettent ici en action.

On lira avec joie l'histoire du petit garçon qui pour avoir été, suivant les recommandations de ses parents, franc, véridique, charitable et confiant, vexa des personnes honorables et provo- qua plusieurs catastrophes. C'est donc que les parents peuvent avoir tort ? Sans doute : et il ne faut pas craindre de le dire aux enfants... « parce que ces enfants, plus tard, sont destinés à devenir des parents. Il convient de les préparer à ce métier diffi- cile et de leur apprendre, quand ils sont petits, qu'on n'est pas forcément parfait quand on est une grande personne. Beaucoup de gens sont insupportables parce qu'ils se sont fait une trop haute idée des grandes personnes quand ils étaient tout petits. »

L'on sait que le père de Didi et de Niquette n'appartient pas à la classe des gens insupportables : c'est qu'il ne s'est jamais fait une trop haute idée des « grandes personnes ». L'occasion est bonne de réviser sérieusement les mauvaises traces qu'a pu laisser en nous notre première éducation. M. de la Fouchar- dière est ici le plus sûr des guides. Humoriste, si l'on veut. Mais plutôt difficile, dégoûté, et prêt à refuser l'obéissance — l'obéis- sance aux autorités constituées, et à celles qui ne le sont pas encore, aux républicains, aux réactionnaires, aux socialistes, aux amis et aux ennemis, aux relations. Le jeune Didi refuse ainsi, par orgueil, la soupe qu'il n'aime pas. Sur la menace de ne pas avoir de dessert, son visage se convulsé ; pour un psu on croirait « qu'il fait la grimace exprès pour faire rire ».

Voulue ou non, la grimace de M. de la Fouchardière nous fait toujours rire. C'est qu'elle est sincère, sans méchanceté, et pareille à la revanche d'une sensibilité trop fine et déçue.

I. Librairie des Lettres, 12, rue Séguier, Paris.

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