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I06 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de ceux qui dessinent ses attitudes : cette jeune et charmante enfant à qui vous avez dédié cette image gracieuse :

Un sourire vient se loger

Au plus tendre coin de ta bouche :

Lève ton visage que touche

Le bonheur au crayon léger.

��PIERRE MAC ORLAN

��*

  • *

��ANTHOLOGIE DU FÉLIBRIGE PROVEXXAL, tome I (Collection Pallas).

Cette anthologie, qui comprendra encore un volume de poésie et un volume de prose, est la bienvenue. Les œuvres de beau- coup de félibres sont aujourd'hui épuisées, et il est bon qu'on ait sous la main quelques vers agréables à évoquer avec les noms de Giéra, de Tavan, de Mathieu, de Bonaparte-Wyse. Les notices, suffisantes, sont en général extraites du solide ouvrage de M. Ripert sur la Renaissance Provençale, auquel il faut espérer que l'auteur donnera bientôt une suite. On trouve dans cette Anthologie la Dideto, de Crousilhat, mais non la solution de l'énigme qu'elle paraît continuer à poser. Par qui a été vraiment créée la strophe de Mireille, aussi consubstantielle à la poésie provençale du xix^ siècle que la ter:{a rima à la poésie italienne du xiiF ? S'il faut en croire l'Anthologie et M. Ripert, l'honneur en reviendrait à Crousilhat, puisque son poème est daté du I" juin 1849. ^lais il y a longtemps que nous avons renoncé, dans le Nord, à traiter Chateaubriand, Vigny, Hugo, selon la méthode hagiographique, et nous ne nous gênons pas pour mettre en lumière les altérations qu'ils faisaient sciemment subir à la vérité dès qu'il s'agissait de leur gloire. Une méfiance analogue ne serait pas inutile avec les poètes d'oc. Comme Vigny a anti- daté certains Poèmes antiques, comme Hugo a antidaté beaucoup de pièces des Contemplations, il est très probable que Crousilhat, quand il a publié La Bresco en 1864, s'est donné l'honneur d'avoir été le précurseur de Mistral, en mettant la date de 1849 sous une pièce faite ou tout au moins refaite après Mireille. Selon le proverbe du pays de M, Maurras, Mistral avait pris assez de poisson pour s'en laisser dérober un peu. Lui-même a- t-il cité, dans le Trésor du Fclihrige, le nom d'Honnorat, qu'il

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