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O quelle prose nonpareille,
Que d’esprit n'ai-je pas jeté
Dans le dédale duveté'
De cette merveilleuse oreille !
Là, pensais-je, rien de perdu ;
Tout profite au cœur suspendu !
Sûr triomphe ! si ma parole,
De l'âme obsédant le trésor,
Comme une abeille une corolle
Ne quitte plus l’oreille d’or !

Rien, lui soufflais-je, n’est moins sûr
Que la parole divine, Eve !
Une science vive crève
L'énormité de ce fruit mûr !
N’écoute l’Etre vieil et pur
Qui maudit la morsure brève !
Que si ta bouche fait un rêve.
Cette soif qui songe à la sève,
Ce délice à demi futur,
C'est l’éternité fondante, Eve !

Elle buvait mes petits mots
Qui bâtissaient une œuvre étrange ;
Son œil, parfois, perdait un ange
Pour revenir à mes rameaux.
Le plus rusé des animaux