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NOTES 199

0: Le bien qu'il veut, c'est celui de l'intelligence, et puis celui de la cité. » Que, le bien de l'intelligence une fois acquis et ordonné, l'esprit, bien nourri, et fortement assuré du vrai, comprenne que cette richesse et cette clarté, il doit les employer au bien de la cité, et qu'il s'applique à en connaître les besoins, les maux dont elle souffre, et les remèdes qui doivent la guérir, c'est un développement, non point fatal, mais régulier. Mais que le souci de la cité soit apparent déjà dans le Chemin de Paradis, ou j'ai de mauvais yeux, ou ceux de Maurras sont trop bons. La préface des Amants de Venise nous a montré naguère que le besoin de rendre sensible la continuité de sa pensée (ou, pour mieux dire, de sa doctrine, non pas au sens étroit du mot), pous- sait Maurras à des paradoxes très brillants, mais plus savoureux que persuasifs. Son esprit impérieux veut contraindre des divertissements extrêmement intelligents et ingénieux à rentrer dans le rang, et à jouer le rôle d'exemples et de preuves, qu'on peut, au besoin leur prêter, mais qu'ils n'avaient pas à l'origine. Il y a là un excès de concentration, par où il pèche, non quand il s'efforce d'établir la rectitude de sa voie spirituelle (car on ne peut trouver chez Maurras ces volte-faces, ces retours complets, ni ces méandres d'une pensée, sincère, mais indécise, qui cher- che longuement la vérité, et ne découvre que sur le tard celle qui la satisfait : égarements passagers, incertitudes plutôt, qui ne manquent pas de noblesse, pourvu que le désir d'aboutir, et non la simple curiosité, y préside), mais quand il prétend attri- buer à certains ouvrages le rôle de matériaux, choisis et ordon- nés, dès le début, pour prendre place dans une œuvre édifiée aujourd'hui, alors qu'il se trouve seulement possible de les introduire, comme ornements, séparés, mais de même style, dans une construction dont ils ne rompent pas l'ordonnance, mais qu'ils ne consolident point. Le Chemin de Paradis ne contredit pas, mais il ne laisse pas nécessairement prévoir l'Enquête sur la Monarchie, Kiel et Tanger, tant d'autres livres, où la raison se fait pratique et discute sur des faits. Et sans doute, c'est le même grand-prêtre de Minerve qui compose les uns et les autres, mais ce sont d'autres soins qui l'appellent. Il vénère toujours l'intelligence, non plus, comme jadis, en dévot qui lui chante des hymnes, et s'essaie à pénétrer ses divins mystères, mais comme un chef, qui, connaissant sa vertu, la fait servir et com-

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