PETITE INTRODUCTION
À UN COURS
DE TECHNIQUE POÉTIQUE
Il est entendu que notre époque n’a qu’à un faible degré le goût de la compétence comme celui de la perfection technique. Pourtant il n’y a pas un métier, pas un art, pas une activité spéciale, dont l’apprentissage ne soit plus ou moins organisé et qui ne forme l’objet d’un enseignement.
Qu’adolescent l’envie vous prenne de devenir horloger, vous ne trouverez pas seulement des ateliers nombreux où, sous la direction d’un maître ouvrier, vous apprendrez à manier, dans le détail de leur mécanisme, une montre ou une pendule. Mais encore il existe dans le monde quelques douzaines d’écoles d’horlogerie où vous pourrez recevoir à la fois l’instruction théorique et la formation pratique que vous souhaitez.
Il en va de même, qu’il s’agisse pour vous d’apprendre à faire une maison, un pont, un tableau, une symphonie.
Je ne sais s’il existe des écoles, au sens précis du mot, pour les gens qui veulent devenir tonneliers ; mais il se donne, en maints endroits de la terre, un enseignement de la tonnellerie, qui n’a pas moins de sérieux et de rigueur, pour se loger dans une cour de campagne ou sous un hangar, que s’il occupait les étages d’un beau monument de pierre. Et c’est grâce à cela que chaque génération d’hommes n’est pas tenue de réinventer l’art de tailler les douves et de les assembler. C’est encore par le même bien-