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Page:NRF 17.djvu/36

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30 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE c'est arrivé plusieurs fois, je vous jure. Je sais même un très bel homme, le teint magnifique, qui turlupinait tellement son chef pour qu'il augmentât son traitement que, celui-ci, n'y tenant plus, lui cracha en plein visage : « Voilà toute l'augmentation que tu auras, satané raseur, » lui cria-t-il. Mais tout de même il augmenta ses appointements ; alors quel malheur y eut-il là ? C'en serait un si on n'avait pas son mouchoir sous la main. Mais quand on l'a dans sa poche, on le tire, on s'essuie, et c'est tout. (On sonne dans l'antichambre.) On vient. C'est évidemment l'un des prétendants. Je ne voudrais pas les rencontrer. N'y a-t-il pas d'autre sortie ?

Agafia Tikhonovna. — Oui, par l'escalier de service... Je suis toute tremblante.

Kotchkariov. — Ce n'est rien. Ayez seulement un peu de sang-froid. Adieu ! (A part.) Je vais vite ramener Podkolièssine.


Scène II

Agafia Tikhonovna. Iaïtchnitsa.

Iaïtchnitsa. — Je suis venu exprès un peu à l'avance, mademoiselle, pour causer tranquillement en tête-à-tête. Mon rang, mademoiselle, vous est déjà connu, n'est-ce pas ? Je suis assesseur de collège, aimé de mes chefs, obéi de mes inférieurs. Il ne me manque qu'une chose : une compagne.

Agafia Tikhonovna. — Oui, monsieur.

Iaïtchnitsa. — Je rencontre maintenant cette compagne ; cette compagne, mademoiselle, c'est vous. Dites-moi franchement : Oui ou non. (Il lorgne sa poitrine. A part.) Ce n'est pas de ces étrangères maigriotes comme il en existe ; il y a quelque chose.

Agafia Tikhonovna. — C'est que je suis encore très jeune... je ne suis pas encore disposée à me marier.

Iaïtchnitsa. — Permettez, et pourquoi donc la marieuse