Page:NRF 17.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 359

l'adolescence. Un jeune homme et une jeune fille, entre quinze et vingt ans, se posent généralement, s'ils ont eux-mêmes quel- que valeur, la question des valeurs, des ce préséances » : la vie individuelle vaut-elle mieux que la vie sociale ? la vie pour l'estime des autres que la vie pour l'estime d'un autre ? l'une et l'autre que l'estime de soi ? Leur milieu leur impose un système de valeurs qu'ils acceptent ou qu'ils révisent. M. Mauriac s'est abstenu avec raison de toute thèse, de toute solution artificielle : il a simplement fait vivre le problème dans les deux sensibilités du frère et de la sœur. Il l'a fait tourner autour du personnage très vivant d'Augustin. Il lui a donné pour toile de fond un monde conformiste, une opinion publique poussée de façon constante à la caricature : le haut commerce de Bordeaux, le chœur des Fils. L'ensemble fait un beau morceau de vie et de

style. ALBERT THIBAUDET

��*

  • *

��A BORD DE L'ÉTOILE MATUTINE, par Pierre Mac Orlan (Grès).

Pierre Mac Orlan s'est enfin décidé à se libérer de sa han- tise. Evoquer en plein vingtième siècle des pseudo-descendants des anciens gentilshommes de fortune à la recherche d'une île au Trésor comme dans le Chant de l'Equipage, déceler chez nos soldats légionnaires ou coloniaux la vieille âme d'aventures ne pouvait lui suffire. L'œuvre de Stevenson n'avait été pour lui qu'une première étape vers les mémoires authentiques des écu- meurs de la mer des xvii^ et xviii^ siècles, vers les glossaires d'argot, les répertoires de chansons de la basse pègre de jadis, les historiques des prisons et des galères, vers tout ce qui pou- vait l'éclairer sur ce monde des hors-la-loi, si étrangement déformé dans les romans puritains des auteurs anglais (Daniel de Foë excepté) ou en France, dans ceux d'un Lucien Biart qui faisaient sous le second Empire la joie des enfants.

Mac Orlan a tiré de ses lectures et de son imagination et nous off're aujourd'hui une suite de chapitres dans la manière et le ton d'Œxmelin, destinés à compléter les récits du chirurgien hollandais, consacrés à des abordages, à des batailles navales et terrestres, aux démêlés entre capitaines rivaux, etc., bref au métier de gentilhomme de fortune. Mac Orlan a négligé de

�� �