Aller au contenu

Page:NRF 17.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ceux qui m’avaient décidé d’aller à Balbec tenaient en partie à ce que les Verdurin (des invitations de qui je n’avais jamais profité, et qui seraient certainement heureux de me revoir, si j’allais à la campagne m’excuser de n’avoir jamais pu leur faire une visite à Paris), sachant que plusieurs fidèles passeraient les vacances sur cette côte, et, ayant à cause de cela loué pour toute la saison, un des châteaux de M. de Cambremer (La Raspelière), y avaient invité Mme Putbus. Le soir où je l’avais appris (à Paris) j’envoyai, en véritable fou, notre jeune valet de pied s’informer si cette dame emmènerait à Balbec sa première femme de chambre. Il était onze heures du soir. Le concierge mit longtemps à ouvrir et par miracle n’envoya pas promener mon messager, ne fit pas appeler la police, se contenta de le recevoir très mal, tout en lui fournissant le renseignement désiré. Il dit qu’en effet la première femme de chambre accompagnerait sa maîtresse, d’abord aux eaux en Allemagne, puis à Biarritz, et pour finir chez Mme Verdurin. Dès lors j’avais été tranquille et content d’avoir ce pain sur la planche. J’avais pu me dispenser de ces poursuites dans les rues où j’étais dépourvu auprès des beautés rencontrées de cette lettre d’introduction que serait auprès de la belle femme de chambre d’avoir dîné le soir même, à La Raspelière, avec sa maîtresse. D’ailleurs elle aurait peut-être meilleure idée de moi encore en sachant que je connaissais non seulement les bourgeois locataires de la Raspelière mais ses propriétaires, et surtout Saint-Loup qui ne pouvant me recommander à distance à la femme de chambre de Mme Putbus (cette femme de chambre ignorant le nom de Robert) avait écrit pour moi une lettre chaleureuse aux Cambremer. Il pensait qu’en dehors de toute l’utilité dont ils me pourraient être, Mme de Cambremer, la belle-fille née Legrandin, m’intéresserait en causant avec moi. « C’est une femme intelligente, m’avait-il assuré. Elle ne te dira pas de choses définitives (les choses « définitives » avaient