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4^0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��MINERVE OU BELPHÉGOR ? par Gaëlan Bernoville (Bloud).

M. Benda a fait de Belphégor non un personnage de roman, mais un personnage de critique. Sachons-lui gré d'avoir animé de ce feu-follet notre lande aride. M. Bernoville, dans un volume d'expression un peu lourde, mais de ton très sensé, défend notre temps contre M. Benda et s'efforce de circons- crire contre lui le domaine de Belphégor. En réalité il n'y a pas d'époque de laquelle on ne puisse écrire un Minerve ou Bel- phégor. Le génie d'un temps comme celui d'un homme con- siste dans la coexistence d'une certaine sensibilité et d'une certaine intelligence. M. Benda, après s'être fait une idée un peu artificielle, rigide et uchronique de l'intelligence, a constaté que l'époque actuelle lui tournait le dos, et il a baptisé du nom de démon de la sensibilité beaucoup de formes en lesquelles M. Bernoville croit reconnaître le visage de la déesse de la Sagesse. Je signale l'intérêt du débat, mais ce n'est pas dans l'étendue d'une note qu'il me serait possible d'y prendre part.

ALBERT THIBAUDET

LE ROMAN

ELISE, par René Boylesve (Calmann-Lévy).

Un des ropians-type de M. Boylesve, un de ceux qui se tiennent le mieux au centre de son talent et qui épousent le plus naturellement le fil de sa manière. Brunetière disait, à propos de l'Echéance de M. Bourget, qu'on ne peut définiti- vement classer, juger et jauger un romancier que lorsqu'il a écrit un livre sans amour et un critique que lorsqu'il s'est expliqué sur le xvip siècle. J'admettrais volontiers la seconde partie de cette déclaration catégorique, mais la première eût risqué de rendre Brunetière bien injuste pour M. Boylesve. On ne l'imagine guère écrivant autre chose que de bonne mu- sique de chambre sur l'amour. Si je voulais donner ici une définition commode, aussi arbitraire que celle de Brunetière -et faite comme la sienne pour les besoins de la cause, je dirais

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