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NOTES . 469

OU Margot... » — les douces harangues des preud'hommes où se mêlaient sentences morales et dictons d'almanach. Aussi les batailles entre villageois, les garçons allant en troupe à haguil- leneuf, les querelles, les bons mots, les scènes de ménage.

Du réalisme au premier chef. Le dialogue, d'impressionnante façon malgré l'archaïsme des phrases, garde le timbre même du parler ; de ces vives années il a encore on ne sait quelle chaleur naïve. Tels passages, — l'ancien soldat montrant tout glorieux aux villageois qu'il mène faire prouesse, les secrets de l'escrime à l'épée, ou l'écolier qui se fait valoir par le récit d'imaginaires débauches, — sont vraiment d'un agrément naturel auquel on ne résiste pas.

Mais ce qu'il importe de marquer ici, c'est que parfois, en deux, trois traits, et ayant le charme minutieux et large des vieux bois gravés, de petites scènes font tableau.

Voici le compère Thenot tenant son petit voisin par la main et lui faisant dire mille beaux mots à un chacun, malgré la mère qui se fâche de ces propos trop verts. Mais le vieil homme la renvoyant à sa quenouille, agence pour le marmot un mouli- net ou une flûte d'écorce, et lui plante sur le bonnet un plumart déplumes de chapon.

« ... en tel équipage suyvois le bon Thenot et son cher com- père Triballor}', lesquelz congnoissans les choux et lard estre cuits (ce voyans par les corneilles qui se retiroyent des champs pour percher au bois, et du bestial qui desja estoit mis au tect), s'en alloyent le petit pas, disputans quelque matière de consé- quence, comme de regarder par leurs doigts quand seroit la festedeNoël ou Ascension, cartresbien sçavoyent leur compost ; ou jugeoyent de la sérénité des jours subsequens par les bruines du soir ; puis me chargeoyent de un petit fagot de bois que ilz mavoyent faict amasser, disans (en conscience) que jamais ne fault retourner à la maison vuyde et que cest le dire dun bon mesnager. »

Les Propos Rustiques, sans être sans doute une œuvre impor- tante, demeurent un bien joli bouquin. Mais quel est ce secret que nous avons perdu ? Pourquoi les livres de nos contempo- rains qui nous feraient plus dispos à la vie, — et il n'y en a pas tant, — gardent-ils on ne sait quel arrière-goût autre que naturel ? henri pourrat

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