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Page:NRF 17.djvu/55

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HYMÉNÉE ! 49
On a raison de dire qu'on ne peut pas échapper à son sort. J'aurais absolument voulu penser à autre chose, mais quoi que j'aie essayé, dévider du fil, coudre un réticule, Ivane Kouzmitch se glisse partout sous mes doigts… (Une pause.) Voici qu'à la fin se présente un changement dans mon existence ! On va me prendre, me conduire à l'église… Ensuite, on me laissera seule avec un homme. Ouf ! Le frisson me vient quand j'y songe. Adieu, ma vie de jeune fille. (Elle pleure.) Combien d'années ai-je vécu tranquille !… Et maintenant il faut me marier… Que de soucis me viendront ! des enfants, des gamins turbulents, et des petites filles qui grandiront, qu'il faudra marier… Si encore elles se mariaient bien, pas à des ivrognes ou à des joueurs prêts à risquer d'un coup tout ce qu'ils ont sur eux !… (Elle se remet peu à peu à pleurer.) Il ne m'a pas été donné de beaucoup me divertir, étant jeune fille, et j'ai atteint ma vingt-septième année… (Changeant de ton.) Pourquoi donc Ivane Kouzmitch tarde-t-il si longtemps ?


Scène XIX

Agafia Tikhonovna. Podkolièssine. Kotchkariov.

(Kotchkariov pousse de ses deux mains violemment

Podkolièssine sur la scène.)

Podkolièssine, hésitant. — Je viens, mademoiselle, vous exposer une petite chose… mais je voudrais d'abord savoir si elle ne vous paraîtra pas étrange ?

Agafia Tikhonovna, baissant les yeux. — Quoi donc ?

Podkolièssine. — Dites-moi, auparavant, mademoiselle, si cela ne vous paraîtra pas étrange ?

Agafia Tikhonovna, même jeu. — Je ne sais pas de quoi il s'agit.

Podkolièssine. — Reconnaissez-le, je suis sûr que ce que je vais vous dire vous paraîtra étrange.

Agafia Tikhonovna. — Permettez ; comment voulez-