Page:NRF 17.djvu/578

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

572 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

On peut vraiment se demander si le sentiment d'artifice et d'artificiel que donne le style des Tharaud ne vient pas de ce qu'ils ont abandonné leur forme propre pour s'an- nexer — ou tenter de s'annexer, car il leur manque le lyrisme propre à l'auteur de Du Sang, de la Volupté — celle de Barrés.

��*

  • *

��C'est le manque de fusion intime entre la forme et le fond, et aux moins bons moments, leur divorce, qui empêchent les Tharaud, parfaits prosateurs, d'être de très grands écrivains.

Entre leur âme et celle de leur lecteur, leur style trop souvent élève un mur, si couvert de curieux feuillages et enguirlandé de fleurs précieuses, qu'on s'arrête à le con- templer, en oubliant de le franchir. Mais qu'on s'arrache à ces séductions, qu'on franchisse le barrage, et l'on atteint à la plus vraie richesse. On se meut dans un monde d'ins- tincts, de sensations et de pensées que nul avant les Tha- raud n'avait encore su animer. Condamner le style des Tharaud pour mieux mettre à nu leur âme, c'est sans doute le meilleur service que puisse leur rendre la critique. C'est à quoi l'on s'est essayé dans cette étude.

BENJAMIN CRÉMIEUX

�� �