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NOTES 625

quête de la caille et de la rime, de toutes les choses ailées aux- quelles sa fantaisie était suspendue, et ne se souciant que de prendre la fleur de chaque objet. Mais quelque chose aussi le poussait à s'évader, une nostalgie des lointains, la dévorante soif de ceux que n'apaisent point les sources familières. Partir, c'est le titre des quatre poèmes dont l'un fut publié à la Nouvelle Revue Française en 191 1, et que Jean Richard Bloch réunit dans l'anthologie de V Effort. Partir... Par deux fois il entreprit le voyage- Et successivement le ciel de Paris, puis celui de la Rhé- nanie, jetèrent bas la frêle figure. 11 lui arrivait de dire sa peur en face du sort dont il se sentait le jouet. Pourtant il ne cessa de se livrer. Abattu, meurtri, il se relevait à un souffle propice, et comme l'oiseau oubliant l'orage, il recommençait de chanter. Il ne nous restera de lui que de rares poèmes, nés de brèves accalmies ; la douceur des aubes renaissantes, des espoirs qui dépassent le réel, s'y mêle malgré tout à la mélancolie des soirs tombés trop tôt, des abandons noirs, et elle la domine. Ceux qui ont connu Henri Aliès en les relisant se souviendront de tant d'ombre jouant avec tant de soleil, et ils y verront comme un symbole. Félix bertaux

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CŒURS A PRENDRE, par Georges Gabory, illustré de seize eaux-fortes de D. Galanis. (Editions du Sagittaire, Paris).

Ce premier livre d'un tout jeune poète a le charmant aspect d'un album de romances orné par M. D. Galanis de vignettes ingénieuses où les fleurs prennent les attitudes simples et touchantes qu'on leur voit dans les planches de botanique. M. Georges Gabory, débutant dans les lettres, s'offre hardiment le ridicule de chanter les étoiles, les colombes, les feuilles ■mortes, au lieu de phonographes, de fils télégraphiques, de pyrogènes. Et il n'a pas attendu pour cela que quelque pro- fiteur du dadaïsme fatigué de lécher l'ours nommé Vimoderne, qui a pour tête un moteur et pour derrière un tableau de Picabia, ait donné le signal du « retour à la rose », à la poésie poétique, au chant chantant, à la danse dansante.

Ce qui est particulier à M. Georges Gabory c'est une ligne mélodique qui ne doit rien au répertoire verlainien et qui rappel-

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