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82 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Tous en revinrent au héros triste de la soirée. Blême, les yeux rougis^ il toussa.

— Papa, je suis... si fatigué !

— Choisis ce que tu voudras, concéda Toncie Alfred, tu as toute liberté.

— Allons, une petite chanson, souffla l'oncle Marquis en clignant de l'œil ; et après tu feras la quête...

Il pointa l'index vers les paquets de la desserte, et, pour la première fois, il souleva un rire de bonne humeur.

— Fais le beau, grondait Victor en soi-même, t'auras du sucre !

— Allons, dit la tante Marie avec douceur, qu'est-ce qu'un garçon qui se fait prier ainsi ?

— Papa, dit Marceline, je t'assure que Victor n'est pas à son aise.

— Eh, c'est sa faute 1 s'écria M. Saintour rudement. Je voudrais bien savoir ce qu'il a pour nous montrer ainsi figure de bonnet de nuit ! Un garçon qui travaille bien et qui se conduit honnêtement n'a pas de vapeurs !

— Qui travaille bien, décréta l'oncle Marquis, s'amuse bien.

M- Alfred Saintour ouvrait sa bouche éloquente pour opérer la synthèse de ces deux doctrines, mais il fut devancé par la mère de Victor.

— - Voyons, suppliait-elle, tu peux bien nous faire ce petit plaisir, tu ne nous as guère donné de satisfaction pour ta fête !

Victor se leva exaspéré, les dents serrées, la poitrine grosse de colère. Il appuya ses deux poings, où les veines se gonflaient, sur la table ; et sans réfléchir, sans chercher, il commença la dernière poésie qu'on lui avait apprise :

— Quand l'enfant jase avec l'ombre qui le bénit, La fauvette, attentive, au rebord de son nid, Se dresse, et ses petits passent, pensifs et frêles. Leurs têtes à travers les plumes de ses ailes...

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