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IV'

��DOSTOÏEVSKI

��Cette courte allocution, lue au Vieux-Colombier pour la célébration du centenaire de Dostoïevski, peut être considérée comme une sorte d'introduction aux six leçons sur Dostoïevski que j'ai promises à l'école de Jacques Copeau ' :

Mesdames et Messieurs,

Les admirateurs de Dostoïevski étaient, il y a quelques années, assez peu nombreux ; mais comme il advient tou- jours lorsque les premiers admirateurs sont recrutés dans l'élite, leur nombre va toujours grandissant, et la salle du Vieux-Colombier est beaucoup trop petite pour les contenir tous aujourd'hui. Comment il se fait que certains esprits demeurent encore réfractaires à son œuvre admirable, c'est ce que je voudrais d'abord examiner. Car, pour triompher d'une incompréhension, le meilleur moyen t'est de la tenir pour sincère et de tâcher de la comprendre.

Ce qu'on a surtout reproché à Dostoïevski au nom de notre logique occidentale, c'est, je crois, le caractère irrai- sonné, irrésolu et souvent presque irresponsable de ses per- sonnages. C'est tout ce qui, dans leur figure, peut paraître grimaçant et forcené. Ce n'est pas, nous dit-on, de la vie réelle qu'il représente; ce sont des cauchemars. Je crois cela parfaitement faux ; mais accordons-le, provisoirement, et ne nous contentons pas de répondre, avec Freud, qu'il y a

I. Voir p. 256.

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