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son bien, le bien absolu, qu’il est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de tout, cet homme-là provoque dans la région souterraine un rire homérique.


VII

Dostoïevsky pose la question : le « tout », la conscience commune (d’où proviennent les évidences) ont-ils droit aux hautes prérogatives dont ils se sont emparés, autrement dit, la raison a-t-elle le droit de juger de façon autonome, sans rendre compte à personne, ou bien n’y a-t-il là qu’une prise de possession que les siècles ont sanctifiée. Dans la discussion entre le « tout » et l’homme particulier vivant, Dostoïevsky soulève la question de droit : le « tout » s’est emparé du pouvoir ; il faut le lui enlever et pour cela il faut cesser de croire au bon droit du « tout » et se dire que ce qui fait la force de l’adversaire c’est notre foi en sa puissance. Si c’est ainsi, il nous faut lutter contre les principes de la connaissance scientifique non plus au moyen d’arguments, mais en employant d’autres armes. Les arguments pouvaient servir tant que nous admettions les prémisses dont ils découlaient, mais puisque nous n’y croyons plus, il faut chercher autre chose.

« Deux fois deux quatre, messieurs, ce n’est déjà plus la vie, c’est la mort. En tout cas, l’homme a toujours craint ce « deux fois deux quatre » et moi, j’en ai peur encore maintenant. Il est vrai que l’homme ne s’occupe que de rechercher ce deux fois deux quatre..., il sacrifie sa vie à ces recherches, mais quant à le trouver, à le découvrir véritablement — je vous jure qu’il en a peur... Mais deux fois deux quatre, c’est, à mon avis, une simple impudence. Deux fois deux quatre nous regarde insolemment ; les mains sur les hanches il se plante en travers de notre route et nous crache au visage. J’admets que deux fois deux quatre est une chose excellente, mais s’il faut tout louer, je vous