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Page:NRF 18.djvu/202

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196 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

respire avec un bruit de forge. Le vent relève sa jupe sur son ventre. Elle n'a rien à cacher au soleil. Il lui mord le ventre. Il la cuit. Il la perce. Elle n'est pas vierge.

Le soleil est un roux comme elle, bien entendu comme elle. Entre frère et sœur, est-ce que ça compte ?

��Roland mâche de la terre ; se met des fourmis dans l'oreille ; cache des pierres dans ses souliers ; et les fait revenir sous sa semelle ; enfonce tout à coup goulûment ses lèvres dans le pli de son coude gauche ; contemple les contractions des muscles sous la peau de son bras ; avec son couteau se fait froid à un sein ; s'ensanglante le front en le cognant aux arbres ; enfin, n'y tenant plus, se fait gratter la tête par n'importe qui sous n'importe quel prétexte.

��A quoi rêve Paul dans son jardin ? Il froisse une fleur, sent ses doigts, et se couche à terre. Une ombre descend des arbres sur son front. Une main jadis balançait un éven- tail du geste même de l'amour. Entre les écailles du pied, on apercevait tout le corps de la femme. Une chose nue et difficile. Elle jouait au refus quand il n'y avait plus loisir. Sa fuite était plus épouvantable que le retrait de la mer aux marées d'équinoxe.

Marie apporte le linge à Paul. « Vous êtes à la ferme », et Paul s'enquiert de Roland. Marie, tant pis, raconte tout : le pendu, le baiser, la meule. Un peu pêle-mêle. La carte- postale. Elle a dit : « Blond comme vous ». Il a compris. Ses dents coupantes, coupantes, entrent dans une épaule ferme, et grincent un peu. Il prend un peu de linge dans

le panier de Marie.

Roland qui danse en se regardant dans la rivière tombe dans la vase et se salit jusqu'au front. A ce moment, Paul

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