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Page:NRF 18.djvu/237

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ensuite dans un provincial bien-être, peut, grâce à l'amour, racheter du consolidé.

La donnée n'est pas, comme on voit, très nouvelle, et rap- pelle Mademoiselle de la Séglière, qui est de la même époque. Mais déjà Gobineau s'y révèle formellement comme un roman- cier ardent, travailleur forcené et honnête, avec autant de pas- sion que d'idées, créateur de types secondaires non débilités par leur naissance accidentelle, mais au contiaire pleins de vie violente, d'esprit ou d'humeur.

L'action, par moments, se suspend, pour faire place à de la peinture d'histoire : les Cent Jl. 'rs forment le fond de ce roman d'amour. M. T. de Visan nous rplique, dans sa préface, qu'Arthur de Gobineau utilisa à cette occasion des souvenirs de Louis de Gobineau, son père, ancien officier royaliste qui avait suivi le Comte d'Artois à Gand. L'idée est heureuse. Loin de surcharger le récit, ces pages historiques l'animent et en élargissent le sens. On n'oubliera pas ces Champs-Elysées nocturnes, et les Princes, à la lueur des réverbères, gagnant la Belgique avec leur escorte de Cent-Suisses et de mousque- taires noirs, tandis que des acclamations déjà retentissent der- rière eux, sur la route de Lyon,

PAUL MORAND

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LE BAR DE LA FOURCHE. — LA CONSCIENCE DANS LE MAL, par Gilbert de Voisins (Crès).

Gilbert de Voisins a écrit depuis quinze ans des romans plus mûris, plus fouillés, de plus vaste portée littéraire et morale que le Bar de la Fourche. « Ce récit d'actions violentes commises en un pays lointain », comme il le définit dans sa dédicace, reste sa réussite la plus complète, et, d'une façon absolue, une réus- site complète.

Nous voyons bien aujourd'hui tous les éléments qui ont été utilisés par lui, mais il fallait songer à les rassembler, et pour cer- tains, les découvrir. Oui, ce Bar de la Fourche est hanté par des hommes et des femmes assez peu différents des héros de Jean Loirain, de Buhu de Montparnasse ou du Tigre et Coquelicot. Oui, il rappelle un peu l'auberge du début de Vile au Trésor, et comme dans le roman de Stevenson, c'est un jeune garçon

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