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NOTES 235

pour rappeler aux spectateurs que l'homme n'est que laideur et poussière, et pour les rejeter dans la crainte de Dieu.

Le puritanisme au cirque ! Il y avait là une idée toute céré- brale, mais vaste et complexe. Difficile à monnayer en chapitres de roman, à coup sûr. Mais M. de Voisins, en la réduisant à un drame d'amour entre la femme captive de ce maniaque et le galant Mathieu Delannes, l'a trop rétrécie. Le beau rebondisse- ment psychologique de la fin, cette condamnation à la vie en commun de ces deux êtres qui ne s'aiment pas ne suffit pas à justifier le livre. Et malgré sa grandeur dans les dernières scènes, le personnage du manager puritain est loin d'être « réalisé » comme le Van Horst du Bar de la Fourche.

Le véritable sujet est en somme à peu près escamoté. Il y a cependant des morceaux de premier ordre : l'apparition du jeune acrobate, à l'aube, sur un cheval blanc au galop ou le repas des monstres. On aimera aussi le style fluide et parfois vaporeux de tout le livre. benjamin cpémieux

LA DERNIÈRE AUBERGE, par Martial Piéchaud (Bernard Grasset).

On connaissait M. Martial Piéchaud par un roman, le Retour dans la Nuit, et surtout une pièce. Mademoiselle Pascal, repré- sentée il y a quelques mois à l'Odéon. Celle-ci, malgré des défauts de jeunesse, révélait une force dramatique peu com- mune, une honnêteté, une simplicité généralement absentes de la comédie bourgeoise telle que nous l'ont faite les succes- seurs d'Augier et de Dumas fils. Nous retrouvons ces qualités dans le nouveau roman de M. Piéchaud, mais peut-être dimi- nuées, en tout cas moins immédiatement sensibles. La forme dramatique a ceci pour elle, qu'elle force l'écrivain à concentrer son effort sur l'essentiel, je veux dire sur les réactions de ses personnages. La motivation y demeure le plus souvent impli- cite. Elle sera au contraire explicite chez le romancier et, de ce fait, les figures qu'il tracera risqueront de perdre en force ce qu'elles gagneront en nuance. Mais je ne prétends pas donner pour absolue cette opposition et on a vu le cas de grands romanciers usant presque exclusivement des procédés du dra- maturge : voyez Dostoïevsky, Je crois M. Martial Piéchaud

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