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APERÇU DE LA PSYCHANALYSE I9

comme celle-ci à la fonction des organes reproducteurs. Il faut entendre en somme par libido Tappétit général de l'être vivant pour la jouissance charnelle. Tous ses organes, au moins dans le principe, sont capables de la lui procurer. Mais pourquoi considérer comme sexuelle une tendance de cette généralité ? Pour deux raisons, l'une d'ordre logique, l'autre de chronologie. Si nous cherchons ce qu'il y a de commun et d'essentiel à toutes les formes du plaisir de la chair, c'est dans la jouissance spécialement sexuelle que nous le trouvons au plus haut point de concentration et de pureté. En d'autres termes un plaisir de la chair est plaisir par ce qu'il a de commun avec le plaisir dit sexuel. Le lan- gage en témoigne ; lorsqu'on parle des « jouissances de la chair », des « plaisirs du corps », sans spécifier, on reconnaît si bien le caractère éminent du plaisir sexuel qu'en fait on n'a voulu désigner que lui. La seconde raison est que, dans le développement de l'individu, la libido d'abord diffuse se ramasse peu à peu, se condense, au point de ne déborder qu'à peine, chez l'adulte normal, les limites de l'activité spécialement sexuelle et la fonction des organes génitaux.

La théorie freudienne des perversions sexuelles n'est pas la conclusion la moins ingénieuse qui se tire de ces prin- cipes. Toute perversion sexuelle provient d'un arrêt de développement de la libido ; car dans toute perversion de ce genre la libido déborde avec excès la fonction propre- ment génitale, ne réussit pas à s'y condenser ou même ne réussit pas à s'y rattacher. Tous les pervertis sont frappés d'infantilisme psychique. Ce sont de « grands enfants ». Leurs pratiques « monstrueuses », leurs états passionnels, si odieux à l'adulte normal, ne font que perpétuer ou que retrouver les émotions troubles et les jeux secrets de l'âge si mal appelé « innocent ». Ici Freud porte à la fameuse « pureté de l'enfance » un coup dont je crains fort qu'elle ne se relève jamais. Car il n'a pas pour lui que l'appareil de sa théorie. L'expérience est incontestablement de son côté. Vérité déplaisante ? peut-être ; dangereuse ? je ne le

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