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Page:NRF 18.djvu/346

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340 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

torique du quai \^oltaire une incomparable collection de toiles cubistes» germe en secret l'art adéquat au communisme russo-asiatique ; au cinéma « Alhambra noir du peuple en liesse » naissent les dieux des superstitions nouvelles. La grippe espagnole, peste des temps modernes, renouvelle les terreurs

de l'an mil. « Et cependant c'est la victoire » La France

sauvée doit à son tour sauver tous les hommes, et c'est en son nom que M. André SaLmon prêche la religion de l'amour :

Aimer ! c'est la béquille qui se change en aile

Aimer ! le plus juste des ~(les ! Aimer ! voir ce qu'à T]io)nme l'humanité cela

��Aimer ! aimer ! te dis-je Aimer ! c'est bien asse^ : et c'est un asse:( grand prodige

Je ne sais si mon ami Salmon me saura gré de ce rapproche- ment mais les cent derniers vers de VA^e de VHumanité m'ont fait penser à la fin de Satan :

La nuit est la promesse évidente du jour

Le père Hugo n'eut pas désavoué ce vers. Et, ma foi, le comte Tolstoï, en dépit des invectives contre

les malédictions assommantes des pauvres et les dettes des morts et les péchés des autres

eut reconnu dans la pensée de Salmon des lambeaux de cet amour slave qui commence par d'inoft'ensives discussions anarchistes autour d'un samovar, dans un atelier de peintre, et se termine dans les prisons de la tcheka.

Or qui veut entraîner le lecteur dans un tourbillon de pensée lyrique, doit éviter tout ce qui peut le distraire de cet avenir qu'on pavoise, au bout de l'avenue. Et celle-ci, qui mène à l'âge de l'Humanité est toute bordée de baraques où M. André Salmon a disposé des vues d'optique coloriées avec un goût populaire et raffiné. Je suis resté longtemps, pour ma part, devant l'affiche du théâtre Yddish de la rue des Rosiers, en compagnie de cette « Rachel qu'un vice retrouvé fait illustre entre les courtisanes » et des « plus vieux petits enfants du

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